Aujourd’hui, c’est Pump Out !

Nos amis terriens nous demandent : « Vous ne vous ennuyez pas à bord ? Qu’est-ce que vous faites toute la journée ? »

Pour permettre la vie à bord, un bateau offre toutes les commodités que l’on trouve dans une maison : eau chaude et froide, une cuisine avec évier, plaque de cuisson 3 feux, four, réfrigérateur/congélateur, une salle d’eau avec douche, lavabo, toilettes (sur Brittany Belle, il y a même deux salles d’eau).

Mais là où une maison est reliée aux réseaux, le bateau doit pouvoir fonctionner en totale autonomie et pendant plusieurs jours.

Il en résulte une multitude de tâches qui nous échappent lorsque, chez nous, distraitement, nous allumons le gaz, ouvrons l’eau ou tirons la chasse d’eau.

La cuisinière et le four, par exemple, fonctionnent au gaz propane. Pour éviter la corrosion, les bouteilles sont en aluminium ou en fibre de verre. Lorsqu’elles sont vides, il n’est pas question d’aller dans la première station-service venue ou au supermarché pour échanger une bouteille vide contre une bouteille pleine en acier. Il faut repérer une station de remplissage et une bonne âme motorisée qui vous y conduira en voiture. Une petite demi-journée en perspective.

Le bateau est équipé de 2 grands réservoirs d’eau d’une capacité totale de 180 gallons (environ 680 litres). Un tuyau spécial est dévolu à leur remplissage pour éviter la contamination. Il est essentiel que les embouts ne soient pas souillés en trempant dans l’eau de mer. Il faut installer le tuyau et le filtre anti-sédiments au quai et surveiller la montée des eaux dans les réservoirs. Sur Brittany Belle, il faut compter une bonne heure pour « faire de l’eau ». En étant attentifs, à nous deux, nous pouvons tenir une semaine avec les réservoirs pleins, petites douches rapides comprises.

Le point le plus critique est la surveillance de la jauge du réservoir d’eaux noires qui demande une attention constante. Brittany Belle est équipée de deux magnifiques toilettes électriques reliées à un réservoir de 40 gallons (seulement 150 litres). La petite lumière de l’écran de contrôle est bleue ? Faites vos jeux. Elle vire au rouge, rien ne va plus. Il est interdit d’utiliser les toilettes pour éviter les débordements et il faut impérativement et rapidement procéder à la vidange du réservoir. Pump out, en anglais …

Le port de Bellingham est équipé d’une station mobile de vidange. On roule la station jusqu’au bateau. On pompe le contenu de la cuve du bateau dans le réservoir de la station mobile (c’est la photo d’ouverture de ce post). Quand tout est fini, on rapporte le réservoir plein d’un liquide marronnasse (sans commentaires) en roulant la station jusqu’à sa base, au vu et au su des passants et des voisins de quai. La base est équipée d’un accès au tout à l’égout et on vide le réservoir pour le prochain utilisateur. Tout au long de l’opération qui dure une petite heure, il est bon de savoir prendre l’air détaché et d’être équipé de gants pour les mains et de pinces à linge pour le nez !

Pour gérer cette intendance, mieux vaut s’y coller à deux. Le plus costaud ouvrira les vannes ou portera les tuyaux lourds. Et avec un peu d’humour, il est facile de tourner ces petites corvées en bons moments de rigolade. Surtout quand le tuyau d’eau se détache et vous douche. Ou quand l’embout réputé « universel » du tuyau de vidange pipi/popo est trop grand pour l’entrée du réservoir sur le pont du bateau.

Ce sont là les petites servitudes de la vie à bord mais l’essentiel consiste à naviguer dans des paysages somptueux, à admirer sans se lasser l’aube d’un jour nouveau ou le ciel rougi d’un crépuscule.

Les oies et les phoques nous accompagnent dans nos voyages.

Alors, non, on ne s’ennuie pas à bord.

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