Les rapports des « surveyors » sont tombés l’un après l’autre. Leurs conclusions sont mesurées mais nous conduisent à rejeter ce second bateau. Quelques mots d’explication …
Terry est en charge de l’expertise technique sur la structure. C’est lui qui vérifie l’état de la coque, du pont, le fonctionnement des systèmes, le respect des normes pour les équipements de sécurité.
Kevin est en charge de l’inspection des moteurs.
L’ingénieur et le mécanicien sont complémentaires. Ils travaillent chacun dans leur domaine et ensemble pour apprécier l’état global du bateau et chiffrer les nécessaires réparations dont le montant sera âprement discuté lors de la négociation finale.
Terry est aussi en charge d’un élément clé : l’estimation de la valeur du bateau. Car ici, il n’y a pas d’Argus, tout au plus des tableaux de données montrant les prix demandés par les vendeurs (toujours gourmands) et le prix final de la transaction. Cette estimation du bateau est cruciale car d’elle dépend le remboursement effectué par la compagnie d’assurances en cas de destruction du navire.
Le rapport de Terry arrive le premier. Il liste une série de travaux à effectuer pour rendre le bateau apte à nos futures conditions de navigation: six mois sans discontinuer, dans les eaux ouvertes du Pacifique Nord-Ouest jusqu’en Alaska. Jusqu’alors ce bateau que nous convoitons a navigué à la belle saison, quelques weekends, dans les eaux protégées du Puget Sound. Le reste du temps, il est resté, hiver compris, sous hangar.
Oups ! La valeur estimée du bateau est très inférieure au prix demandé par le vendeur. Certes, il faut accepter une surcôte dans un marché de vendeurs mais 30 %, c’est trop.
Enfin, Kevin le mécanicien envoie son rapport. Lors des essais en mer, à plein gaz, le moteur bâbord s’était mis à cracher de la fumée noire. Des échantillons d’huile avaient été prélevés et nous comptions sur ces analyses pour aider Kevin à formuler un diagnostic. Or, les analyses d’huile ne disent rien et Kevin, faute d’explications, liste une longue (et coûteuse) série de vérifications à effectuer avant d’entreprendre la moindre navigation.
Nous avons trois jours pour formuler une contre-offre au vendeur ou rejeter le navire.
Nous parvenons sans délai à la conclusion : un bateau trop cher qui crache de la fumée noire sans qu’on sache pourquoi, c’est NON !